Dire que le monde actuel, saturé de sucre, boude les vins liquoreux. Et pourtant... Qui peut nier qu’ils comptent parmi les joyaux du vignoble français ? Ne sont-ils pas la récompense suprême de l’amour du risque vigneron, la catharsis du beau geste ? Ne portent-ils pas, mieux que tout autre vin, la mémoire des générations précédentes ?

Issu de vendanges tardives, le liquoreux demeure hors norme : plus de risques (intempéries et maladies), un raisin qui vit une saison plus longue, qui voit l’automne arriver, parfois l’hiver, alors que le raisin destiné aux vins “normaux” est souvent cueilli dans des conditions encore estivales. Les meilleurs liquoreux de France expriment la riche diversité des terroirs sur lesquels ils naissent, tout autant que la singularité de leur équilibre.

Certes, la liqueur – le sucre résiduel – tient une place prépondérante dans cet équilibre, mais elle magnifie le fruit. La concentration naturelle en sucre provient soit du passerillage (action mécanique du soleil et du vent), soit de l’action biologique du champignon botrytis cinerea, précurseur d’arômes sans équivalent. Parfois l’homme intervient également : pédoncules tordus (à Jurançon par exemple), passerillage sur claies après la vendange, cryoextraction, chaptalisation...

UNE SUBLIME COMPLEXITÉ

Reconnaissons-le, le vin liquoreux, communément qualifié de “vin sucré”, s’invite avec difficulté à notre table. Pour un grand nombre d’amateurs contemporains, le sucre résiduel reste déstabilisant. Cette douceur qui nous lie à l’enfance constitue pourtant un véritable tremplin pour initier le novice au plaisir du vin.

La difficulté de compréhension de ces crus riches tient sans doute à notre passage d’un plaisir pré-adulte, quand le goût du sucre nous séduit, aux plaisirs associés à l’âge adulte, qui nous éloigne de ce même sucre. Mais réduire le vin liquoreux à sa richesse en sucre serait ignorer cette sublime et singulière complexité qu’il délivre à tout âge.

D’ailleurs, si pendant longtemps il n’a été bu qu’après un long séjour en bouteille, nous considérons que le consommer sur son fruit juvénile n’a rien d’une hérésie. Car il actionne ce fantasme d’un fruit qui serait originel avec les atouts de la transformation du sucre en alcool. Même si l’âge récompense toujours les plus patients. 

"PONCTUELS" ET "RÉGULIERS"


Le monde des liquoreux comprend des vins élaborés à partir de cépages très divers, avec des méthodes et des traditions elles-mêmes très variées. À ces différences de nature s’ajoutent des différences de fréquence et de destination.

Les liquoreux “ponctuels”, comme les SGN (Sélection de grains nobles) en Alsace, les tris exceptionnels de Vouvray ou les mâcons botrytisés, ne conditionnent pas l’équilibre financier du domaine qui, en millésime favorable, se laissera tenter par l’aventure. Ailleurs, dans certaines appellations du Bordelais ou du Sud-Ouest, il faut faire du liquoreux chaque année.

Énorme défi : dans les millésimes difficiles, il faut chaptaliser ou rectifier. L’amateur distinguera donc les liquoreux d’occasion, fruits d’une vendange exceptionnelle et les liquoreux d’habitude, élaborés lors de chaque millésime sur des terroirs dédiés à ce type de vins, comme Sauternes ou Monbazillac.

DÉSILLUSION EN ANJOU NOIR

Pénétrons plus avant dans cette diversité. Le cas des liquoreux de Loire est significatif. Après le formidable élan des années 90, on sent de la désillusion dans l’Anjou noir, surtout dans le Layon. Certains artisans du renouveau (Richard Leroy, Patrick Baudouin, Jo Pithon) ont jeté l’éponge et se consacrent désormais aux vins secs. En Touraine, à Vouvray (et parfois à Montlouis), il se passe quelque chose de magique quand toutes les conditions climatiques sont réunies.

Malheureusement, les producteurs ayant la volonté et le talent pour réaliser ces merveilles aux sucres pénétrants et aériens se comptent sur les doigts d’une main.

Ce constat vaut également pour l’Alsace, où des sommets d’expressivité peuvent être atteints, mais uniquement par les domaines que les typologies VT et SGN passionnent vraiment. Difficile de faire de grands liquoreux par hasard ou par routine ! 

MONBAZILLAC ET SAUTERNES

Si le Sud-Ouest parvient à briller, c’est grâce à quelques grands vignerons qui ont conscience de la profonde originalité des cépages et des terroirs des régions pyrénéenne, aquitaine et gaillacoise. En Bergeracois par exemple, Monbazillac possède de vraies pépites, qui en privilégiant l’originale muscadelle affichent leur volonté de ne pas copier Sauternes. Cette dernière appellation reste la plus belle référence dans le monde des liquoreux, conjuguant force et finesse, richesse et complexité. Longtemps elle a gardé l’image de ce vin muté, plombé par le soufre, responsable de sévères maux de tête.

Aujourd’hui, les techniques ont évolué, les dosages sont mesurés. Les styles aussi ont changé. Si la course vers la richesse a permis des notations élevées chez les critiques américains, les producteurs amorcent un repli vers plus d’élégance. Le sauternes reste ce grand vin capable de traverser les siècles. Réaffirmons-le, les liquoreux sont les vins du temps, de la mémoire.

C'est pour cela que nous avons développé ce dossier autour de la longévité des cuvées, en regardant en arrière et en donnant pour chacune ce que nous estimons être sa période d'apogée. Au final, le classement proposé n'est pas le reflet d'une hiérarchie intrinsèque, telle que notre pratique régulière des domaines et des cuvées nous aurait permis de l'envisager, mais le reflet d'une dégustation ponctuelle, privilégiant l'émotion, mise en œuvre dans le cadre spécifique de ce dossier.

Pour nous qui avons choisi de défendre la grandeur des liquoreux, l'important est de partager notre enthousiasme, de donner envie aux amateurs de revenir vers ces vins aussi hédonistes que spirituels.



DÉGUSTATION : LES 100 MEILLEURS LIQUOREUX DE FRANCE, REGION PAR REGION


> ALSACE

L’Alsace offre des terroirs et un climat propices à la production de liquoreux. Ils ne sont élaborés que lorsque la qualité du millésime le permet. On distingue deux grands types liquoreux : la cuvée Vendanges tardives (VT) et la cuvée Sélection de grains nobles (SGN), plus riche en liqueur et surtout fruit d’une sélection par tries successives. Seuls les gewurztraminer, pinot gris, riesling et muscat ont le droit à ces mentions. Mais d’autres liquoreux peuvent être produits avec des cépages locaux tels les pinot noir et pinot auxerrois.

DOMAINE WEINBACH
Gewurztraminer Furstentum SGN 2010
19/20
152 €
Dégusté en demi-bouteille, le vin semblait fermé alors qu’en bouteille, le fruit s’est montré ouvert et épanoui. Pur, ce cru sent le fruit de la passion, la mandarine et la mangue. Sa bouche splendide, à l’acidité bien présente, offre une intense énergie. En majesté, il fait la roue du paon et va crescendo. Malgré ses 174 grammes de sucre, le terroir lui confère une grande noblesse.

DOMAINE WEINBACH
Riesling Quintessence de Grains nobles 1991
20/20
Le nez de ce riesling offre une grande complexité ; il papillonne de la note de résine à celle de charbon, puis vers l’humus et le thé fumé. Très épuré, évoluant vers des senteurs d’épices et d’encaustique, il a mangé son sucre. Ce vin reste nerveux tel un grand sec avec une note fumée qui revient. Il laisse une bouche sèche, peu chargée en liqueur, et retrouve son fruit comme tout grand vin. Ici, c’est le pamplemousse rose. Magistral !

MARC KREYDENWEISS
Pinot gris VT 2010
19/20
40 €
Très beau nez qui s’exprime à la fois sur la pomme au four et la pomme fraîche. Cela se prolonge par une jolie touche d’abricot sec. Une vendange tardive harmonieuse, riche, avec une vraie dynamique de bouche et une agréable salinité. Un vin large et long, mais fin et frais. Avec un équilibre bas en sucre, malgré une vraie maturité du fruit, ce pinot gris élégant a beaucoup de nuances. Jolie finale sur une note de pamplemousse rose.

MARC KREYDENWEISS
Tokay pinot gris Moenchberg 1985
18,5/20
31 €
Son côté froid donne le sentiment d’entrer dans une cathédrale. Il y a très peu de sucre, mais il accompagne le vin sans le dominer et sans sentiment de sous-maturité. C’est un vin plus cérébral que sensuel.

HUGEL ET FILS
Gewurztraminer S SGN 2010
18,5/20
128 €
Vendangé le 10 octobre, ce SGN offre un nez net, épuré entre fruit et fleur, et fortement imprégné de la présence du cépage. La bouche se montre assez cohérente avec une sensation de liqueur présente (140 g de sucre), mais pas envahissante même si la richesse est bien là. Ce millésime va s’étoffer avec le temps car il a la fougue de son jeune âge.

HUGEL ET FILS
Gewurztraminer S SGN 2007
19/20
135 €
La maison est une grande spécialiste des liquoreux et les vins présentés ici nous le confirment. D’abord, une belle note de pollen dans ce nez gracieux et complexe. Puis arrive une note de liqueur de mandarine. C’est un grand liquoreux qui a quitté le cépage pour pénétrer dans la magie de la pourriture noble. Il y a dans ce vin ce que l’on attend de l’apport du sucre : il est capable de renforcer la présence en bouche tout en apportant une autre dimension à la complexité olfactive. Le tout est appuyé par une belle acidité issue du terroir. Une superbe cuvée.

DOMAINE ZIND-HUMBRECHT
Pinot gris Clos Windsbuhl SGN 2010
18/20
178 €
Un domaine où la biodynamie est au service des terroirs. Parfois, des maturités extrêmes donnent des liqueurs élevées que le temps absorbera. Son nez exhale des notes de compote de pomme et de poire avec une pointe de volatile. Une bouche riche dotée d’une acidité qui vient appuyer le tout. Aujourd’hui, ce vin est plus dans sa phase démonstrative. Sa richesse est ravivée par une note de bonbon acidulé.

DOMAINE ZIND-HUMBRECHT
Gewurztraminer Clos Saint Urbain Rangen de Thann SGN 1989
19,5/20
Une vaste palette aromatique qui l’apparente à un grand blanc sec : grain de café, note d’épices, suivie d’une touche de fève de cacao, de thé, voire d’iode et de hareng fumé. C’est un très grand liquoreux dans l’aboutissement de son âge. Il a la complexité olfactive d’un vin âgé tout en conservant une belle jeunesse en bouche. Il nous submerge par l’intensité de ses saveurs. C’est un beau grand liquoreux.

ALBERT BOXLER
Pinot gris Brand Achille SGN 2010
18,5/20
70 €
Une intense richesse de saveurs servie par des vins de plus en plus précis et épurés. Si le nez semble comprimé en demi-bouteille, il se montre plus libre en bouteille de 75 cl  en développant un doux parfum de citron confit. En bouche, on retrouve cette note d’agrumes suivie d’une fraîche sensation de pêche blanche. Voici un grand cru très doux, avec un bel équilibre sucre/alcool/acidité. Fort prometteur.

ALBERT BOXLER
Pinot gris Sommerberg SGN 2008
18/20
Il y a un côté vanille bourbon, lactone et cire dans ses parfums. La bouche est construite sur une belle générosité de fruit qui évoque le pamplemousse rose. Très belle intégration de la liqueur qui lui confère beaucoup d’harmonie.

DOMAINE MARCEL DEISS
Altenberg de Bergheim 2010
18,5/20
62 €
Cette cuvée ne porte plus la mention d’un vin liquoreux, mais contient une quantité non négligeable de sucre résiduel. Malgré une richesse évidente, il offre plus le caractère d’un vin sec : racé, élégant, avec une liqueur contenue. En bouche, il prend une touche de bonbon acidulé suivi d’une belle amertume évoquant le pamplemousse. Cela lui donne un côté désaltérant.

DOMAINE MARCEL DEISS
Gewurztraminer Altenberg de Bergheim SGN 1989
18/20
Nez distingué qui nous fait pénétrer dans une confiserie. Il y a une petite touche de pierre froide, voire une sensation minérale. Puis il évolue sur des notes d’infusion d’herbes ; on a quitté le fruit, la palette se complexifie. Très vivant avec la belle onctuosité de sa liqueur et de beaux petits amers qui reviennent en même temps que le fruit.

DOMAINE OSTERTAG
Gewurztraminer Fronholz VT 2010
18/20
45 €
Le minimalisme comme ligne de conduite, la pureté du terroir pour horizon. Digeste, ce Fronholz 2010 est sur le fil du rasoir, à tel point que l’on en oublie le sucre. Nous sommes dans cette nouvelle école des grands vins d’Alsace où l’on ne cherche pas la surabondance pour exprimer le terroir, on l’accompagne dans la finesse de ses nuances. Très belle intensité.

DOMAINE OSTERTAG
Gewurztraminer Fronholz SGN 2007
18,5/20
La rose et les agrumes type kumquat forment son bouquet. Il laisse un sentiment de grande pureté du fruit. Il entre dans sa phase douce avec une liqueur bien présente, mais il va se retendre avec le temps en s’épurant. Derrière sa grande douceur, le terroir s’exprime en filigrane. Tous les ingrédients sont réunis pour voir ce cru grandir sereinement avec l’âge.

DOMAINE AUDREY ET CHRISTIAN BINNER
Muscat Hinterburg SGN 2007
18/20
64 €
Nez très élégant et fin qui nous guide vers des notes d’infusions d’herbes avec beaucoup de délicatesse et un rancio noble. La bouche est portée par une liqueur bien équilibrée et une matière un rien tannique. Il paraît presque sec avec une jolie palette aromatique. En bouche, on croque littéralement le fruit qui prend des notes de pamplemousse confit. Singulier et super.

DOMAINE AUDREY ET CHRISTIAN BINNER
Riesling Kaefferkopf SGN 1997
18/20
76 €
On respire le miel fin, la cire et le fruit confit. Issus de sept tries, il possède une concentration exceptionnelle. Volumineux, droit et équilibré, c’est un vrai régal. Il donne le sentiment d’un extrait sec affirmé, malgré le glycérol en bouche.

ALBERT MANN
Gewurztraminer Furstentum SGN 2010
17,5/20
50 €
Un style proche de l’eau roche et toujours magnifiquement équilibré. Très belle bouche qui ne manque pas de sève et s’exprime sur une note de citron confit. Jolie matière épurée avec une acidité en retour de bouche, de la mâche et une agréable touche citronnée.

ALBERT MANN
Pinot gris
Furstentum SGN 1994
18/20
Un grand millésime qui s’exprime à travers cette belle note de pomme au four et d’épices douces. D’une très grande densité, sa bouche profonde se démarque par une sensation de mâche. Un joli liquoreux, à point, avec du relief et une belle complexité que seuls les vins âgés savent délivrer.

DOMAINE BARMÈS-BUECHER
Pinot gris Rosenberg VT 2008
17/20
24 €
Cela sent la pomme au four et la tarte à la mirabelle. Une très jolie bouche élancée avec une acidité qui donne de l’éclat et apporte un beau contrepoids à sa richesse. La finale développe une note de bonbon à l’orange. C’est un pinot gris que l’on a envie de boire même si sa liqueur est très présente, car il reste bien équilibré.

DOMAINE BARMÈS-BUECHER
Gewurztraminer Steingrubler SGN 1988
18/20
Au nez, c’est un vin qui a gardé une belle fraîcheur pour son âge. Complexe, il a une jolie évolution aromatique : partant d’abord sur un agréable parfum de litchi, il libère à l’air une note de kumquat. Il faut souligner le bel équilibre dans ce fruit pur qui gère à merveille la sensation de liqueur. Et derrière sa richesse, il fait longuement saliver. Super !

DOMAINE SCHOFFIT
Pinot gris Rangen
Clos Saint Théobald VT 2010
17/20
42 €
L’expression aromatique du cépage domine. S’ensuit une petite note de fumée. À l’inverse, la bouche très pure donne la sensation de croquer un fruit fraîchement cueilli, sans excès de sucre. Une matière qui s’étire en longueur par une touche saline, de la finesse, avec une petite acidité mordante qui ravive le tout.

DOMAINE SCHOFFIT
Pinot gris Rangen de Thann
Clos Saint-Théobald Larme de lave SGN 2001
16/20
125 €
On est dans le camphre, la résine et l’abricot sec. Riche, il demeure à ce stade dans l’exubérance de son adolescence. Il n’acquerra toute sa complexité que d’ici cinq à dix ans, même si au nez il prend déjà une jolie touche de thé à la bergamote. Certes, l’ensemble s’épure à l’air, mais tout doucement.

TRIMBACH
Gewurztraminer
Hors Choix SGN 2007
17/20
113 €
Un parfum de mandarine avec une pointe de réduction. La bouche est bien équilibrée, entre son sucre et de doux amers. Il prend une note de pamplemousse jaune. Malgré la richesse, cela ne nous fatigue pas. Il garde un côté digeste tout en développant une très belle complexité aromatique. Un SGN élégant.

TRIMBACH
Riesling
Cuvée Frédéric Émile SGN 2001
15/20
123 €
Une palette aromatique évoluée avec cette senteur d’encaustique. Une note de champignon marque cette bouche sèche et étroite avec beaucoup d’amertume. Même si le vin a une belle allonge, le fruit a du mal à se libérer, cela reste austère. On a le sentiment d’un liquoreux qui prend plus l’accent d’un vin sec avec très peu de sucre en bouche.



> BORDEAUX : SAUTERNES

Le Sauternais est une terre de prédilection pour les vins liquoreux produits à base de sémillon, de sauvignon et d’un peu de muscadelle. Il faut bien distinguer les vins de Sauternes qui prennent naissance sur les croupes alluviales les plus élevées donnant des vins plus amples et charnus que ceux de Barsac. Le Ciron, un petit cours d’eau, fait office de frontière naturelle. Les vins de Barsac naissent sur des sols rouges, peu épais, reposant sur une roche quasi affleurante. Ici, les vins sont plus fins et aux acidités plus prononcées.

CHÂTEAU D'YQUEM
2010
19,5/20
350 €
Il y a tout dans cet Yquem, le feu en bouche par sa puissance tout en préservant une allure raffinée. Si le boisé de son élevage reste présent, sa densité l’absorbera dans le temps. Concentré, dense et compact, c’est un mythe qui se révélera sur plusieurs décennies.

CHÂTEAU D'YQUEM
1997
20/20
309 €
D’une formidable richesse, ce liquoreux aux multiples nuances s’appuie sur une acidité bien intégrée qui vient épauler une matière d’une grande richesse. D’une force phénoménale, d’une grande complexité, il s’étire en longueur. Le vin a digéré son élevage tout en révélant une petite trace de bois anoblie par le temps. Sa bouche se montre presque plus tendue qu’un barsac.

CHÂTEAU COUTET
2010
19/20
65 €
Son fruit semble proche de l’expression du raisin. Toujours avec une grande magie olfactive, ce barsac a du fond et de la solidité. Un vin plein, prenant de l’ampleur à mesure qu’il s’aère. Il flirte avec le sauternes par sa richesse, tout en préservant ce bel éclat de Barsac.

CHÂTEAU COUTET
Cuvée Madame 1997
20/20
350 €
La première Cuvée Madame a vu le jour en 1943, elle fut offerte par les vigneronnes à la maîtresse du château. Elle se différencie de la cuvée classique par sa richesse accrue, plus de sémillon et un élevage totalement sous bois neuf. Il n’existe que très peu de millésimes. Le 1997 nous a littéralement séduits. Le vin a totalement mangé son bois neuf et sa richesse, bien que présente, ne nous gêne en rien car le vin garde un bel impact en bouche, comme si tout était dans une tonalité élevée. Il a du nerf pour un vin avec un niveau de liqueur de plus de 220 grammes de sucre, preuve que le terroir passe par-dessus. D’une complexité surprenante, il lui a fallu presque vingt ans pour atteindre cet équilibre et cette harmonie. Car si son glycérol lui confère son ampleur, il tire son élégance de son sol. Magistral.

CHÂTEAU DE FARGUES
2010
19/20
126 €
Nez somptueux équilibré entre le fruit et son élevage. La richesse de 2010 se marie à merveille avec la puissance de Fargues. Son fruit consistant d’une grande pureté développe de belles notes de pamplemousse rose. Texture élégante malgré la densité du terroir de Fargues. Un cru magnifique.

CHÂTEAU DE FARGUES
1997
19,5/20
125 €
Il a un début de note de safran. Il garde invariablement la solidité de Fargues, telle la puissance d’un pur-sang. On retrouve cette fraîcheur sur le pamplemousse qui lui confère un bel équilibre.

CHÂTEAU GILETTE
1990
18,5/20
135 €
Son fruit nous fait pénétrer dans une confiserie. Les épices, curry et curcuma, s’invitent avec délicatesse. Un sauternes long en bouche, mais sans l’impression de richesse. Il prend une tonalité de liqueur d’orange et de zeste. Magnifique équilibre dans ce sauternes digeste qui nous fait voyager dans un marché aux épices. Superbe.

CHÂTEAU GILETTE
1975
19/20
239 €*
Ce vin a un côté ananas rôti avec une légère touche de caramel. Puis il évolue vers le cigare toscan et le cuir, voire la truffe. Il est droit et peu doté de gras. Jamais excessive, sa liqueur fait sa force tout autant que son charme. Long, ce cru prend une tonalité de tarte à l’orange caramélisée de par sa liqueur fondue, presque aérienne.

CHÂTEAU CLIMENS
2010
19/20
110 €
Nez très vif sur les agrumes, type citron confit. Très belle bouche épurée où la chair du millésime reste servie par la vivacité de son terroir. Un fruit pur renforcé par une magnifique acidité. Il y a une très belle gestion de l’élevage. À l’air, il prend une note de bonbon acidulé. On retrouve ce mordant de Barsac qui lui apporte beaucoup de vie.

CHÂTEAU CLIMENS
2005
17,5/20
100 €
Un nez d’ananas confit avec une richesse perceptible dès l’ouverture. Sa bouche dotée d’une matière épaisse reste marquée par le support boisé de son élevage. C’est très pâtissier gras et onctueux. Son parfum évolue vers des notes d’épices et de safran. Un Climens atypique de par ses formes plantureuses.

CHÂTEAU RAYMOND-LAFON
2010
18,5/20
40 €
Un nez entre l’orange et l’abricot. La bouche est suave mais avec une remontée très légèrement acidulée. Un sauternes ample avec du relief et un fruit assez plein et vibrant. C’est un vin enraciné dans son terroir et pas uniquement porté par son sucre, d’où cet extrait sec qui le porte en finale. Très bel équilibre.

CHÂTEAU RAYMOND-LAFON
1995
17,5/20
48 €
Nez de poudre de métal avec une pointe d’épices type safran qui participe de sa complexité. La bouche est large et longue. Il possède de la chair tout en donnant une sensation tannique. Ce vin a de l’accroche, mais une belle douceur. À l’air, il prend des notes d’iode, voire d’encre. Un joli sauternes de matière qui assimile parfaitement sa liqueur.

CHÂTEAU DOISY DAËNE
2010
17,5/20
44 €
Toujours cette grande pureté de fruit, cet éclat de Barsac. Fin, très vibrant, presque minimaliste dans sa recherche de pureté. Mais une belle allonge sur la trame du terroir par un côté extrait sec. Une petite note pâtissière revient en finale.

CHÂTEAU DOISY DAËNE
2005
18,5/20
35 €
La note de gâteau à l’orange est le fil conducteur de ce vin tant dans ses arômes que dans sa matière. Pur et précis, racé et élégant, c’est l’un des rares 2005 qui ne brûle pas par son alcool. Nous retrouvons bien l’esprit Barsac dans les deux millésimes.

CHÂTEAU SUDUIRAUT
2010
18,5/20
75 €
Touche de tarte aux abricots et note de vanille de pâtisserie forment sa richesse olfactive. Ample, il affiche sa richesse avec une petite touche de fruit confit. Véritable vin de mâche, il s’impose par la force et la puissance de son terroir, sa maturité et sa chair épaisse.

CHÂTEAU SUDUIRAUT
2001
17/20
110 €
Petite note d’encaustique au nez et une bouche tendue. Il prend un parfum de tarte à l’orange. Il garde son allure massive avec peu de nuances, mais ce vin d’un bloc séduira les amateurs de puissance. Jolie finale sur le bonbon acidulé.

CHÂTEAU LA TOUR BLANCHE
2010
18/20
49 €
Grande douceur au nez pour ce classique élégant. Un parfum aux notes d’agrumes avec une touche de vanille et de cake aux fruits. Un caractère pâtissier fort séduisant. Très belle bouche suave et tout en délicatesse de texture avec un fruit net et épuré. Bel équilibre, souplesse et longueur, le tout avec distinction.

CHÂTEAU LA TOUR BLANCHE
1997
17/20
70 €
Belle évolution olfactive pour ce sauternes de 18 ans : une agréable note d’orange domine dans ce parfum doux. Sa texture est veloutée mais charnue ; cette suavité provient de son terroir. Le fruit se montre d’une invariable précision et ample. Ce liquoreux, entre deux âges, donne ici un sentiment d’extrait sec prononcé.

CHÂTEAU SIGALAS RABAUD
2010
17,5/20
50 €
Nez pâtissier avec un élevage qui participe de cette accroche olfactive. Il offre de l’ampleur et une bouche généreuse qui s’affine en finale tout en gardant une belle suavité. Puis il s’affirme par une belle solidité de milieu de bouche. Un vin racé, profond, doux et légèrement crémeux.

CHÂTEAU SIGALAS RABAUD
1976
17,5/20
80 €
Le nez fait penser à de la cassonade et de la tarte aux agrumes avec une touche d’épices, voire de l’infusion d’herbes. Le safran vient terminer cette farandole de senteurs. La liqueur est faible : ce sauternes donne la sensation d’avoir mangé son sucre, d’où cette belle vigueur. Malgré son âge, son fruit reste net et précis. Il peut se conserver encore de longues années.

CHÂTEAU CAILLOU 
2010
17,5/20
36 €
Son nez développe un agréable parfum d’ananas frais avec une touche de praliné. C’est un liquoreux très Barsac dans la pureté de son fruit et la délicatesse de son parfum. Sa trame fine encaisse la richesse du millésime par son acidité et ce côté gracieux du terroir de Barsac. Très beau vin fluide et digeste.

CHÂTEAU CAILLOU
1985
16,5/20
120 €
Il ressemble à un vin sec avec ce nez qui évoque l’oxyde de fer. Très complexe, sa bouche est tout en longueur avec une liqueur peu présente. Il fera merveille sur un repas complet grâce à son équilibre bas en sucre.

CHÂTEAU CLOS HAUT-PEYRAGUEY
2010
17,5/20
43 €
Nez de viennoiserie et de mandarine. La bouche, ronde, est dotée d’une liqueur abondante et d’une texture souple. De jolis amers stimulent sa finale. Il faut laisser grandir ce vin au moins cinq ans afin qu’il assimile mieux sa générosité.

CHÂTEAU CLOS HAUT-PEYRAGUEY
1996
16/20
70 €
Une jolie robe vieil or pour ce 1996 à son apogée, avec une belle évolution sur des notes tertiaires. Son nez est marqué par le safran et le curcuma. Sa bouche se révèle très Sauternes grâce à une ampleur relayée par la vivacité du millésime. L’intensité de ses amers en finale est remarquable.


> SUD-OUEST

Le Sud-Ouest est le royaume de la diversité, incarnée par trois pôles de tradition liquoreuse situés aux extrémités de la région. Grâce au génie aromatique du petit manseng et à sa tranchante vivacité, Jurançon impose son originalité – qui n’exclut pas une grande pluralité de styles ; nous aurions pu citer bien d’autres domaines. Gaillac a son mot à dire, et même davantage,avec des liquoreux très intenses issus de cépages autochtones. Car malgré leur faible acidité, ils se bonifient et surtout se complexifient dans le temps. Les rares grands liquoreux du Bergeracois, s’appuyant sur le sémillon et la muscadelle, partagent ce profil opulent et profond dans d’autres gammes aromatiques.

CLOS JOLIETTE
Vin de France 2001
18-20/20
Ce grand vin artisanal, devenu mythique, est à la fois très différent des jurançons actuels et un résumé de l’esprit de ce terroir. Les huit à dix barriques produites par an ne sont pas assemblées, d’où une forte et parfois exaspérante variabilité d’une bouteille à l’autre (d’où également notre notation en fourchette). Le 2001 par exemple, quoique toujours très riche en glycérol et en extrait sec peut être soit presque sec, soit vraiment liquoreux. Le vin est grand dans les deux cas, avec un caractère, une intensité, une rémanence tout à fait exceptionnels. La version la plus liquoreuse, envoûtante, porte la mangue séchée et la truffe du petit manseng à des sommets absolus.

CLOS JOLIETTE
Jurançon 1971
18/20
Quasiment sec mais d’une profonde richesse automnale, auguste et rémanent. Sa chair large et piquante, à l’intense saveur de morille, illustre à la fois la longévité des vins de Joliette et la pérennité du style unique de ce cru, où l’équilibre sucre/alcool est défini par l’évolution du vin, pas par la main de l’homme (ni froid, ni filtration, ni mutage au soufre).

DOMAINE ROBERT PLAGEOLES & FILS
Vin de France Vin d’Autan 2010
17/20
50 €
Depuis son premier millésime, 1988, le liquoreux inventé à partir du cépage ondenc par Robert Plageoles a changé de profil. Très riche en liqueur, peu alcoolisé (9,5°), le 2010 exprime une personnalité forte, déjà attachante mais devant encore s’affiner, servie par une netteté aromatique remarquable, qui navigue entre pomme au four, fruits confits et cassonade.

DOMAINE ROBERT PLAGEOLES & FILS
Gaillac doux Vin d’Autan 1997
18,5/20
Un cru couleur de cuivre ! Le nez, tout en restant frais, a acquis une merveilleuse complexité, évoquant le safran, la gelée de coing et la datte fraîche. Sa présence en bouche, suave et déliée, aussi proche du monde végétal que du minéral, est portée par 11° d’alcool transformé ; l’équilibre semble idéal. Un liquoreux enchanteur.

DOMAINE BRU-BACHÉ
Jurançon L’Éminence 2010
18,5/20
50 €
Après quelques millésimes moins éclatants, ce domaine historique renoue avec l’expression idéale du jurançon de vendange tardive : un vin possédant l’onctuosité d’un vrai liquoreux, la force d’un terroir solaire (nous sommes à Monein, en exposition sud-est), tout en conservant l’originalité aromatique du petit manseng dans ses notes les plus fraîches et piquantes (fruit de la passion, goyave). L’acidité percutante se confond dans une interminable finale avec des pointes végétales et épicées passionnantes (rhubarbe, muscade...).

DOMAINE BRU-BACHÉ
Jurançon L’Éminence 1995
17/20
L’Éminence 1995 garde le souvenir d’un élevage peut-être un peu appuyé côté bois neuf. Mais il possède une densité de chair telle, une saveur si confite et vive à la fois, mêlant truffe noire et cassonade, que l’identité du vin s’affirme au final avec toute la majesté attendue.

LES JARDINS DE BABYLONE
Jurançon 2011
17,5/20
110 €
Pâle, citronné, aérien, diaboliquement incisif et précis dans ses arômes, peu alcoolisé, le jurançon de Louis-Benjamin Dagueneau perpétue la vision singulière (“septentrionale”, mosellane ?) qu’avait son père Didier du cru béarnais. Tout est sous contrôle, la lumière passe au travers des vitraux.

LES JARDINS DE BABYLONE
Jurançon 2004
18/20
110 €
Le millésime 2004 illustre la pertinence de cette vision, c’est un vin d’une grande intensité mais aussi d’une énorme gourmandise, d’une pureté et d’un élan fantastiques, dans lequel les hydrocarbures défient la truffe. Colette disait du jurançon que c’était un prince enflammé ; nous nous éloignons ici de l’organique, l’impression est davantage celle d’une dentelle de pierre, d’un gothique plus rayonnant que flamboyant.

CHÂTEAU TIRECUL LA GRAVIÈRE
Monbazillac 2010
17/20
24 €
Bruno Bilancini se singularise par le travail d’orfèvre qu’il opère dans les tries et dans l’élevage. La muscadelle s’exprime avec toute sa fougue aromatique, dans un élan où le floral le dispute à l’abricot rôti au beurre. La liqueur est imposante, mais heureusement soutenue en 2010 à la fois par une jolie veine acidulée et par une fine amertume de zeste confit.

CHÂTEAU TIRECUL LA GRAVIÈRE
Monbazillac
Cuvée Madame 1998
17,5/20
89 €
Approchant la majorité, la fameuse Cuvée Madame se montre volubile. Elle a basculé dans des registres fumés et épicés particulièrement riches (thé fumé, bois précieux, poivres, girofle, cardamome...). En bouche, la saveur de pêche rôtie épicée est une merveille, la muscadelle continue de proposer un discours singulier. La richesse en sucre en fait tout de même un liquoreux opulent, voire copieux.

DOMAINE CAUSSE MARINES
Causse Marines
17,5/20
45 €
Moût de raisin partiellement
fermenté, Folie Pure 1999

DOMAINE CAUSSE MARINES
Délires d’Automne 1999
17/20
38 €
Moût de raisin partiellement fermenté
Issu principalement d’ondenc et de muscadelle, ce liquoreux de Gaillac parvient à rester gracieux malgré ces opulentes mensurations (11° d’alcool et 250 g de sucres résiduels). Il développe de captivantes notes de safran et de rose séchée, servies par une allonge veloutée mais alerte.

CAMIN LARREDYA
Jurançon Au Capcèu 2012
18/20
23 €
Célèbre pour ses vins secs, ce domaine phare de l’appellation s’illustre aussi, et peut-être avant tout, par cette expression vibrante du petit manseng passerillé du secteur de La Chapelle de Rousse, articulée, ouverte, merveilleusement précise dans ses contours fruités d’ananas confit et de mangue. La finesse et l’intelligence de la vinification en font un archétype, immédiatement compréhensible.

CAMIN LARREDYA
Sélection des Terrasses 1996
14/20
Jurançon
Ancêtre de la cuvée Au Capcèu, ce 1996 est marqué par des notes de clou de girofle et de pain grillé, avec des stigmates amers de l’élevage ; il met en lumière la progression accomplie à la vigne comme au chai par Jean-Marc Grussaute.

DOMAINE GUIRARDEL
Jurançon Marotte 2010
16,5/20
25 €
L’esprit aérien des vins de Jurançon (même si nous sommes ici à Monein) est capturé de la plus belle des façons dans cette alliance d’acidité acérée, pénétrante mais sans aucune dureté, et de sucres discrets et savoureux. La pureté de cette sélection parcellaire augure du meilleur.

DOMAINE GUIRARDEL
Jurançon Marotte 2007
17,5/20

Tout en tension, avec une structure acide d’une grande élégance, qui fait vibrer l’exubérance aromatique exotique et truffée, ce 2007 offre une explosivité qui conforte la confiance accordée au 2010.

CLOS BENGUÈRES
Jurançon Le Chêne Couché 2012
16,5/20
18 €
Référence récente sur la scène des grands jurançons, cette cuvée de Monein (exposition ouest) affiche une grande qualité de fruit, solaire et épicé, entier, toujours tonique.

CLOS BENGUÈRES
Jurançon Le Chêne Couché 2007
17/20
18 €
Merveilleux nez de mandarine et de mangue fraîche, chair suave : ce vin confirme pleinement la valeur du travail entrepris par Thierry Bousquet depuis 1999.

CHÂTEAU BAROUILLET
Monbazillac 2009
16/20
10 €
Teinte vieil or, saveur gourmande de miel de châtaignier et de marmelade d’orange. Une liqueur intense mais relevée par un grain épicé frais. Ce vin sagement élevé en cuves met sa grande richesse solaire au service d’une expression originale, qui ne cherche pas à singer Sauternes.

CHÂTEAU BAROUILLET
Vin de France Apicula 2009
17/20
30 €
Le propos, sincère et original, est poussé encore plus loin par cette cuvée élevée trois ans en fûts. Ambré, ce liquoreux aux très riches nuances de cire d’abeille et d’épices, livre un corps souverain vivifié par un affriolant rancio final.

DOMAINE DE L'ANCIENNE CURE
Monbazillac L’Extase 2011
17/20
49 €
Christian Roche a osé. En 2011, sa grande cuvée de Monbazillac est une pure muscadelle ! Bien lui en a pris, l’explosion aromatique de fleur d’oranger est inoubliable, la séduction crémeuse du corps totale. Peut-être faudra-t-il profiter de cette fraîcheur sur la jeunesse du fruit.

DOMAINE DE L'ANCIENNE CURE
Monbazillac L’Extase 2005
15,5/20
38 €
Plus classiquement basé sur une majorité de sémillon, c’est un liquoreux opulent à la saveur de biscuits chauds et d’orangettes, profond, large, mais d’une belle précision aromatique.

CLOS LAPEYRE
Jurançon Vent Balaguèr 2010
15,5/20
40 €
Élaborée par Jean-Bernard Larrieu, qui a fait de son domaine l’un des plus connus de l’admirable secteur de La Chapelle de Rousse, cette cuvée de vendanges très tardives, très passerillées (y compris en clayettes) pousse loin dans ses retranchements le petit manseng. On confine ici au vin de paille. La robe est soutenue, les arômes très confits prennent des nuances automnales et bletties : châtaigne, nèfle et cynorhodon. On ne tombe jamais dans la lourdeur, car l’acidité, y compris la volatile, est aussi forte que la liqueur est intense.

CLOS LAPEYRE

Jurançon Vent Balaguèr 1998
17/20
52 €
Si les 2005 et 2011 basculent dans des arômes de caramel et de bois résineux, ce 1998 voit resurgir un fruit pointu et remuant, très attirant, enchâssé dans une liqueur intense. Une grande réussite, plus en puissance qu’en nuance toutefois.
Bouteilles : 1 200, apogée : 2015-2030,

CLOS THOU
Suprême de Thou Terroir de la Cerisaie 2010
Jurançon
15,5/20
23 €
Ce domaine emblématique et discret de La Chapelle de Rousse s’illustre par des sélections de petit manseng vibrantes, d’une grande richesse, dont les arômes de mangue confite (dominants à ce stade) basculent admirablement vers la truffe noire.

CLOS THOU
Suprême de Thou 1995
Jurançon
17/20
44 €
Parfois un peu mutique en début de carrière, il faut savoir attendre cette cuvée, comme en témoigne ce 1995 expressif et fondu : truffe noire, humus et noisette...

CLOS UROULAT
Jurançon 2010
16/20
Classicisme, sobriété dans l’éclat du fruit exotique et aérien du petit manseng, retranscrit avec brio mais sans aucun clinquant : le 2010 de Charles Hours est un modèle de maîtrise. Équilibre de moelleux plus que de liquoreux, magnifique longueur sur le citron confit.

CLOS UROULAT
Jurançon 2005
16,5/20
Cette cuvée témoigne de la même maîtrise que le 2010, des mêmes qualités de légèreté des sucres, de fraîcheur confite et de sérénité. Puis vient s’y adjoindre la merveilleuse pointe truffée qui singularise avec bonheur le cru béarnais et son cépage. Une belle gourmandise.

DOMAINE ROTIER
Gaillac doux Renaissance 2010
15,5/20
16 €

DOMAINE ROTIER
Gaillac doux Renaissance 1997
16,5/20



> VALLÉE DE LA LOIRE
L’image des liquoreux de Loire issus du cépage chenin est contrastée, marquée par la mévente et l’incompréhension. Nous évoquions dans l’introduction le cas de l’Anjou ;il est vrai que les chenins liquoreux sur schistes facilement très riches en sucre, ont besoin de temps pour exprimer toutes leurs nuances. Les grands liquoreux de Touraine possèdent ce talent particulier de rester aériens malgré leur opulence ; même si leur message s’affine au fil des décennies.

CLOS NAUDIN
Vouvray moelleux Réserve 2009
18/20

CLOS NAUDIN
Vouvray
La Goutte d’Or 1990
20/20

CLOS ROUGEARD
Coteaux de Saumur 1997
19/20
Les Coteaux de Saumur des frères Foucault sont des raretés. Le 1921 est réputé supérieur au vin du château d’Yquem du même millésime. Dernier millésime produit à ce jour (militons pour qu’il y en ait d’autres !), le 1997 impose d’emblée une richesse, et surtout une puissance extrêmes. L’expression abricotée est exubérante, fumée et épicée, elle dépasse le registre sucre d’orge/pomme au four classique du chenin liquoreux. Le retour de la craie en finale est éblouissant, le minéral pilonne alors les fruits exotiques qui se résolvent en coulis...

CLOS ROUGEARD
Coteaux de Saumur 1990
19/20
Bâti sur le même profil de grande puissance, merveilleusement irriguée par l’acidité, le 1990 ajoute à l’abricot des nuances exotiques et florales qui lorgnent vers l’Alsace. La tenue est somptueuse, le caractère piquant et ferme, viril, bien différent du taffetas de Vouvray ou de la rondeur du Layon.

DOMAINE DELESVAUX
Coteaux du Layon
Anthologie SGN 2010
18/20
60 € l

DOMAINE DELESVAUX
Coteaux du Layon
Carbonifera SGN 1997
17,5/20
130 € les 50 cl

DOMAINE HUET
Vouvray moelleux
Le Mont Première Trie 2011
17/20
La finesse d’expression des vins du domaine Huet est difficile à surpasser, y compris dans les cuvées les plus liquoreuses. Encore dans les limbes, ce 2011 est déjà éclatant de précision aromatique, épicé, rehaussé d’une pointe végétale. Mais il est surtout marqué d’un merveilleux rappel calcaire/coquille d’huître du terroir. La liqueur est  au service de l’élan, du tranchant aromatique du vin qui s’exprimera pleinement dans une dizaine d’années.

DOMAINE HUET
Vouvray
Cuvée Constance 2003
18/20
80 € les 50 cl
Marquée par le millésime, cette liquoreuse cuvée Constance conjugue immense profondeur et originalité aromatique avec ses notes dominantes de menthol, de réglisse et de jaune d’œuf... Elle a encore besoin de temps pour que resurgisse pleinement l’identité vouvrillonne.

DOMAINE CHIDAINE
Montlouis Les Lys 2009
17/20
57 €
François Chidaine, figure tutélaire de Montlouis, propose en année favorable des moelleux mémorables qui soulignent la vocation profonde du cru. Des reflets verts, un nez expressif sur le citron confit avec des pointes lactiques et mentholées caractérisent ce très beau 2009. La liqueur est importante, encore un peu monochrome mais agile.

DOMAINE CHIDAINE
Montlouis Les Lys 1996
17/20
Ce 1996 garde une grande jeunesse mais approfondit le message finement végétal du chenin de Montlouis. La finesse ciselée est typiquement tourangelle, les sucres sont parfaitement intégrés, aériens, avec une personnalité aromatique qui s’affirme haut et fort.

DOMAINE VINCENT CARÊME
Vouvray Première Trie 2009
17,5/20
22 €
Vins secs ou sucrés, Vincent Carême s’est imposé en quelques années comme l’un des grands interprètes de Vouvray. La finesse d’expression distingue ce 2009. Une liqueur réactive, délicate, intense, qui détaille toutes les possibilités du terroir.

DOMAINE VINCENT CARÊME
Vouvray Première Trie 2003
16/20
40 €
Ce 2003 ne possède ni l’élan ni la précision de son cadet. Malgré la particularité du millésime, il garde une réelle identité vouvrillonne ; affable et solaire, lactique, clôturant sur une savoureuse évocation de champignons à la crème.

CHÂTEAU PIERRE BISE
Quarts de Chaume 2010
17/20
Le domaine de Claude Papin défend comme nul autre l’identité du quarts-de-chaume, grand cru historique du Layon. Son interprétation se fonde sur un botrytis qui va loin dans l’intensité rôtie, accélérée par une veine acide forte, jusqu’à l’expression minérale schisteuse, évoquant la rouille et le graphite, qui s’affirme en finale. Une bouche qui s’affine longuement, des sucres intenses qui filent, souples comme la queue de rat du pêcheur à la mouche !

CHÂTEAU PIERRE BISE
Quarts de Chaume 1997
16/20
80 € les 50 cl
Ce liquoreux est bien campé sur la générosité solaire du millésime. Il révèle une forte empreinte schisteuse et épicée qui impose des notes de malt, et même de cacao amer. Un vin en cours d’évolution.

DOMAINE DE BELLIVIÈRE
Coteaux du Loir
Philosophale 2010
17/20
50 €
Curnonsky disait à propos du jasnières que trois fois par siècle, il est le meilleur vin blanc du monde. Le propriétaire, Éric Nicolas, s’attache à le prouver, isolant de rares et ponctuels tris liquoreux en marge de ses magnifiques vins secs de la vallée du Loir. Philosophale 2010 se situe dans le détail du terroir, pas dans le sucre ni l’immédiateté du fruit. Un tranchant septentrional anime un corps modérément liquoreux, veiné de piquantes saveurs végétales. L’acidité amène la saveur fort loin.

DOMAINE DE BELLIVIÈRE
Jasnières Élixir de Tuf 2005
16/20
50 € les 50 cl
Sur l’autre rive, cette essence de Jasnières montre un équilibre différent : beaucoup plus dans la rondeur du confit, avec une pointe lactique, mais un toucher d’une grande finesse, à l’instar de celle des grands vouvrays.

DOMAINE DE BELLIVIÈRE
Quarts de Chaume 2010
16/20
32 €
Ce domaine historique a affirmé tout au long du XXe siècle la particularité du quarts-de-chaume, avec des vins particulièrement aptes au vieillissement. Encore en boule pour l’instant, la cuvée 2010 possède de l’allonge et un beau botrytis miellé aux contours aromatiques précis.

CHÂTEAU BELLERIVE
Quarts de Chaume
Quintessence 1996
16,5/20
35 €
Arrivé à presque 20 ans, le message de cette cuvée se précise : des notes de malt et d’angélique confite et une évolution sereine donnent une liqueur déliée dont la sucrosité s’efface progressivement pour laisser place à l’extrait sec.

DOMAINE DES SABLONNETTES
Coteaux du Layon
Le Vilain Canard 2010
15,5/20
30 €
Joël Ménard est un des derniers braves du Layon à poursuivre le grand œuvre du liquoreux naturel. Ambré, Le Vilain Canard 2010 présente une forte liqueur volubile et volatile, à la saveur de mandarine confite. Son toucher est fin et son allonge remarquable.

DOMAINE DES SABLONNETTES
Coteaux du Layon
Les Érables 1996
16,5/20
Le vin évolue vers des arômes de pomme au four ; les agrumes sont toujours de la partie. La richesse de la matière est encore engoncée dans ses sucres. Tel le 2010, ce 1996 s’inscrit dans la durée et pourra témoigner encore plusieurs décennies.


> BOURGOGNE

Afin de vous proposer une palette exhaustive de grands liquoreux, nous avons demandé au domaine de la Bongran à Clessé de nous présenter une cuvée de vin issu de chardonnay ramassé très tardivement. Il aurait été vraiment dommage de passer à côté de ce cru original et très intéressant. Rappelons toutefois, à notre grand dam, que cela reste une pratique marginale en Bourgogne.

DOMAINE DE LA BONGRAN
Mâcon Botrytis 2006
16,5/20
Une robe couleur paille et un parfum qui prend des notes de coing voire de mangue pour ce vin de Mâcon. Une abondante liqueur qui s’est concentrée tout autant que le raisin s’est enrichi en sucre. D’où une bouche à l’attaque suave, sphérique mais une finale qui s’effile par une acidité tonique.

> Cet article est issu de La Revue du vin de France N°595Abonnez-vous pour découvrir nos dossiers plusieurs mois avant leur mise en ligne.


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