Mort du supporteur Yann Lorence : le procès des hooligans du PSG

Deux supporteurs sont accusés d'avoir frappé à mort Yann Lorence, le 28 février 2010, avant un match PSG - OM.

Parc des Princes (Paris XVIe), le 10 avril 2010. Quelques semaines après le drame, les supporteurs rendent hommage à Yann Lorence.
Parc des Princes (Paris XVIe), le 10 avril 2010. Quelques semaines après le drame, les supporteurs rendent hommage à Yann Lorence. LP/GUY GIOS

    C'est une plongée dans les années de violences des tribunes du Parc des Princes (Paris XVI e ) que s'apprêtent à faire les jurés de la cour d'assises de Paris. Ces années où les groupes rivaux de supporteurs du PSG se faisaient la guerre sur les aires d'autoroute ou, comme ce funeste 28 février 2010, autour du stade. Ce soir-là, deux heures avant une rencontre PSG - OM, une bagarre éclate entre les fans les plus radicaux de la tribune Auteuil et ceux de Boulogne. L'un d'eux, Yann Lorence, 37 ans, perdra la vie sous un déluge de coups alors qu'il déambulait près du stade.

    Laissé pour mort par des dizaines d'assaillants sur un trottoir jouxtant l'enceinte, l'ancien adhérent de Boulogne succombe à ses blessures après trois semaines de coma. La bagarre a mis aux prises des centaines de supporteurs violents. Mais ce sont deux hommes, Romain L. et Jeremy B., qui sont jugés à partir d'aujourd'hui pour violences volontaires commises en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ils encourent jusqu'à vingt ans de prison.

    « Dans ce dossier, la justice a avancé à tâtons à cause de l'omerta et de la lâcheté qui règnent dans le milieu des supporteurs, explique Me Paul Le Fèvre, l'avocat de la famille de Yann Lorence. Les parents du défunt se sont toujours montrés dignes et espèrent que les deux accusés ne vont pas se cacher derrière le groupe pour obtenir une sorte d'absolution. »

    Ce déchaînement de violence avait conduit le stade et les pouvoirs publics à prendre des mesures pour ramener la paix : un plan de pacification des tribunes assorti de mesures radicales (dissolution des groupes de supporteurs, placement aléatoire dans le stade pour éviter les regroupements, sécurité renforcée autour de l'enceinte...) avait été mis en œuvre sous la houlette de l'ex-président Robin Leproux, appelé à témoigner lors de ce procès.

    Aveux et rétractations

    Les cinq jours d'audience devraient permettre de cerner la personnalité des deux accusés et d'établir les responsabilités. Juste après l'agression de Yann Lorence, des policiers en civil avaient entendu Romain L., 37 ans, dire qu'il avait « sauté à pieds joints » sur la tête de la victime, avant de mimer son geste. Depuis sa mise en examen en mai 2012, l'intéressé nie les faits qui lui sont reprochés. Il a été incarcéré après avoir participé ensuite — en septembre 2015 à Paris — à une autre attaque contre des supporteurs de Malmö (Suède).

    Son coaccusé, Jeremy B., 35 ans, comparaîtra libre. Il est soupçonné d'avoir frappé Yann Lorence alors que ce dernier se trouvait à terre. Lors de ses premières auditions par les enquêteurs, puis devant le juge d'instruction, il avait reconnu avoir porté des coups aux jambes, avant de se rétracter. Il fait toujours partie du milieu des supporteurs parisiens. Il était notamment présent devant le Parc des Princes lors de la présentation d'Hatem Ben Arfa en juillet.